L’ADEME a lancé récemment une nouvelle étude pour établir le bilan environnemental complet de différents cas d’usages du numérique, comme le Smart Home, le Smart Building et la Smart City. En voici un résumé et un lien vers le document complet.
Le numérique peut être un outil puissant permettant de réduire les impacts environnementaux de certains secteurs. Il existe malheureusement peu de données solides permettant d’évaluer les gains environnementaux liés à l’utilisation du numérique et très peu de documents normatifs ou de publications scientifiques pour encadrer méthodologiquement l'estimation des effets environnementaux nets d'un service numérique.
Le numérique au service de la transition écologique
Certaines solutions numériques appliquées aux secteurs comme le bâtiment, l’énergie ou le transport sont prometteuses à condition de limiter les effets rebonds.
Par exemple, les plateformes de mise en relation d’usagers permettant notamment de partager des usages (covoiturage, autopartage, partage d’équipements…) ou de donner une seconde vie aux produits, ont probablement peu d’impacts environnementaux directs au regard des bénéfices environnementaux qu’elles peuvent créer.
- Dans le secteur de l’énergie, le numérique permet par exemple de mieux gérer et optimiser les flux pour favoriser et augmenter la part de renouvelable ou bien de détecter les fuites dans le réseau (énergie, eau…).
- Les solutions numériques et notamment la domotique permettent de mieux gérer les consommations d’énergie dans le bâtiment (smart home, smart bulding).
- Enfin, les territoires intelligents gérés notamment par les collectivités sont de plus en plus présents. On peut citer la gestion des déchets (redevance incitative, bacs à déchets connectés, …), la gestion de l’eau (détection des fuites, optimisation de l’irrigation des terrains municipaux, …) ou bien la télégestion des infrastructures (gestion de l’éclairage par exemple).
Les nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle ou les univers immersifs vont révolutionner le monde du numérique avec le développement de nouveaux usages qui viendront bien souvent en complément des usages actuels générant des pressions supplémentaires sur l’environnement.
Focus sur l'IA
Les algorithmes avec l’IA générative vont par exemple engendrer des impacts environnementaux importants. Le développement des univers immersifs va également avoir des impacts directs sur la multiplication des équipements et notamment des casques de réalité virtuelle avec les impacts environnementaux associés. Enfin, l’ordinateur quantique est en cours de développement sans que l’on estime encore son impact environnemental direct et indirect.
La connaissance des impacts environnementaux associée à l’arrivée de ces nouvelles technologies est encore balbutiante et il convient de travailler dès à présent sur ce sujet en lançant notamment des études d’évaluation environnementale multicritères sur l’IA générative et en poursuivant les travaux lancés en France pour une IA plus frugale.
Soutenir les solutions numériques pertinentes pour la transition écologique
Le numérique constitue dès maintenant un levier transversal incontournable pour mettre en œuvre la transition écologique. Il faut continuer à soutenir le développement et le déploiement de solutions IT for green pertinentes.
Pour ce faire, les financements ne manquent pas. Le soutien à l’innovation et en particulier l’accompagnement des startups sont déjà très structurés, même s’ils peuvent toujours être améliorés. Deux gardes fous sont importants à conserver. Toutes les solutions numériques ne permettent pas des gains environnementaux majeurs ou pérennes dans le temps. Il convient donc de systématiser en amont des projets les évaluations environnementales afin de s’assurer de la pertinence des solutions mises en œuvre. Les questions de souveraineté numérique (maitrise des algorithmes sensibles, contrôle d’internet, dépendance forte à la Chine concernant beaucoup de métaux stratégiques) et de la donnée comme levier d’efficacité de l’action publique doivent éviter la captation de marché.
S'inspirer des bonnes pratiques
Au-delà du focus sur les solutions high tech portée par le l’écosystème numérique classique (start up, géants de la tech), l’émergence d’autres solutions devrait être soutenue :
- Les communs numériques sont des ressources (logiciels open source et standards ouverts) nécessaires et non compétitives dans un domaine. Les communs numériques vont donc donc favoriser les coopérations entre acteurs, donc réduire les coûts de développement et de maintenance.
- La low-tech numérique : si cette idée peut paraître contradictoire, la démarche Low tech s’applique tout à fait au numérique. Elle consiste à s’interroger systématiquement sur son besoin tout en visant à ne garder que l’essentiel, à réduire la complexité technologique, à entretenir l’existant plutôt que de le remplacer, à donner accès au plus grand nombre aux solutions et à maîtriser les usages. Il s’agit d’une démarche innovante et inventive de conception et d’évolution de produits et de services numériques et à maximiser leur utilité sociale.
Pour en savoir plus
- Télécharger "L'avis de l'Ademe sur l'impact du numérique (Janvier 2025)"
- Site d’information grand public : www.altimpact.fr
- Liste des principaux travaux publics : Ministère de l’aménagement du territoire et de la transition écologique
- Feuille de route du CNNUM en juillet 2020 en partenariat avec le Haut Conseil pour le Climat, 20201
- Mission d’information du parlement sur l’empreinte environnementale du numérique, 2019- 20201
- Loi AGEC 2020
- Feuille de route gouvernementale sur le numérique & l’environnement, 2021
- Loi REEN 2021
- Liste des principales études : Observatoire de l’impact environnemental du numérique